
09 juillet 2025
Chaque été désormais, la chaleur extrême frappe plus tôt, plus fort, et plus longtemps. En France, la canicule a causé 3 700 décès entre juin et septembre 2024 selon Santé publique France. À l’échelle européenne, près de 48 000 décès supplémentaires ont été attribués aux vagues de chaleur de 2023, principalement chez les plus de 75 ans. Face à ce phénomène climatique désormais récurrent, protéger les personnes âgées devient un enjeu de santé publique prioritaire.
Pourquoi les seniors sont-ils si vulnérables face à la canicule ?
Avec l’âge, l’organisme perd de sa capacité à s’adapter aux hausses de température. Plusieurs mécanismes physiologiques, souvent méconnus, rendent les personnes âgées particulièrement sensibles aux épisodes caniculaires.
- Une thermorégulation affaiblie : les mécanismes de transpiration et de dilatation des vaisseaux sanguins cutanés fonctionnent moins bien. Résultat : la température corporelle grimpe rapidement, sans que l’organisme puisse se refroidir efficacement.
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Une sensation de soif altérée : chez les seniors, les récepteurs de la soif sont moins réactifs. Boire devient un réflexe moins automatique, même en cas de besoin impérieux.
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Une réserve hydrique diminuée : après 60 ans, l’eau représente environ 50 % du poids corporel (contre 60-65 % chez un adulte plus jeune), rendant les pertes hydriques plus difficiles à compenser.
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Certains médicaments (diurétiques, psychotropes, anti-inflammatoires non stéroïdiens) perturbent la sudation ou la fonction rénale, augmentant le risque d’hyperthermie ou de déshydratation.
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Les maladies chroniques (insuffisance cardiaque, rénale, maladies neurodégénératives comme Alzheimer) réduisent la capacité du corps à réagir au stress thermique.
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L’isolement social, enfin, complique la mise en œuvre des gestes de prévention. Sans aide extérieure, nombre de personnes âgées ne prennent pas la mesure du danger.
Les risques sanitaires majeurs : attention aux signaux d’alerte
Déshydratation : un danger insidieux mais critique
La déshydratation est la première urgence en période de canicule. Elle survient lorsque les apports hydriques sont insuffisants pour compenser les pertes dues à la chaleur. Ses signes précurseurs sont discrets mais alarmants : fatigue, sécheresse buccale, hypotension orthostatique, urines foncées, maux de tête.
Non prise en charge, la déshydratation peut évoluer vers un état confusionnel, des chutes, voire le coma. La vigilance doit être permanente, même en l’absence de plainte.
Coup de chaleur : une urgence vitale
Le coup de chaleur est une urgence médicale caractérisée par une température centrale ? 40 °C, une peau sèche, des troubles neurologiques (confusion, agitation, perte de conscience). Dans ce cas :
- N’administrez ni aspirine ni paracétamol (contre-productifs) ;
- Appelez immédiatement le 15 ou le 112 ;
- En attendant les secours, tentez un refroidissement actif (gants humides, douche tiède, ventilation).
Décompensations de pathologies chroniques
La chaleur peut aggraver les maladies existantes. Une journée à 33 °C peut suffire pour déstabiliser un équilibre fragile : crise cardiaque, crise d’asthme, insuffisance rénale aiguë, surtout chez les patients sous traitement diurétique.
Les gestes de prévention essentiels : simples mais vitaux
S’hydrater sans attendre la soif
Boire 2 à 2,5 litres d’eau par jour, même sans sensation de soif, est fondamental. Privilégiez :
- Eau tempérée, tisanes froides, infusions aromatisées (menthe, citron) ;
- Fruits et légumes riches en eau (pastèque, melon, concombre, tomate) ;
- Évitez sodas, café, alcool, boissons glacées, qui déshydratent davantage ou perturbent la digestion.
Adapter l’alimentation
Une alimentation légère et hydratante soutient l’organisme :
- Repas fractionnés (4 à 5 petits repas par jour) ;
- Soupes froides, salades composées, laitages frais ;
- Limiter les graisses cuites, préférer les fruits riches en potassium (abricots, bananes) utiles au bon fonctionnement musculaire et cardiaque.
Rafraîchir son intérieur efficacement
- Fermer volets, rideaux et fenêtres dès 9 h pour conserver la fraîcheur ;
- Aérer tôt le matin et la nuit ;
- Utiliser un ventilateur combiné à un brumisateur ;
- Si climatisation : température idéale entre 24 et 26 °C pour éviter le choc thermique.
Aménager une pièce refuge au nord de l’habitation avec des tissus légers, un fauteuil confortable, et un accès facile à de l’eau fraîche.
Éviter les sorties pendant les heures chaudes
Entre 11 h et 16 h, les sorties doivent être strictement limitées. Si elles sont indispensables :
- Porter un chapeau à larges bords, des lunettes de soleil UV400, une crème solaire indice 50+ ;
- Emporter une bouteille d’eau et un brumisateur ;
- Se déplacer accompagné si possible.
Maintenir le lien social : un rempart contre les drames
Chaque été, des drames surviennent parce que la personne âgée n’a pas été contactée à temps. Mettre en place une routine de surveillance est vital :
- Prendre la température deux fois par jour ;
- Observer les urines : couleur foncée = alerte ;
- Appeler les proches isolés quotidiennement, ou organiser une ronde entre voisins.
Un appel peut sauver une vie.
Réviser les traitements médicaux
Certains traitements doivent être ajustés temporairement en période de canicule :
- Les diurétiques, bêtabloquants, certains psychotropes ou hypotenseurs ;
- Jamais d’auto-ajustement : consultez le médecin avant l’été.
En cas de symptômes évocateurs de déshydratation, ne jamais administrer d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).
Faire appel aux aides et dispositifs existants
Le Plan National Canicule et le Système d’alerte canicule et santé (Sacs) informent la population via SMS, radio et TV dès le niveau de vigilance orange.
Des services d’aide comme Senior Compagnie ou Saveurs & Vie assurent :
- Portage de repas adaptés ;
- Aide à l’hydratation ;
- Surveillance quotidienne ;
- Préparation des logements à la chaleur.
Pensez à inscrire vos proches sur le registre canicule de la mairie, pour activer les aides en cas d’alerte.
Rappel à afficher sur le frigo : 6 réflexes anti-canicule
- Boire un verre d’eau chaque heure entre 8 h et 20 h.
- Fermer les volets dès 9 h et aérer la nuit.
- Se rafraîchir trois fois par jour (gants humides, douche tiède).
- Éviter toute sortie entre 11 h et 16 h.
- Surveiller la température corporelle et la couleur des urines.
- Appeler le 15 ou 112 en cas de fièvre supérieure ou égale à 40 °C ou confusion.

Prévenir plutôt que subir
Avec le réchauffement climatique, les vagues de chaleur sont désormais une réalité structurelle, et non un événement exceptionnel. Pour les personnes âgées, chaque degré compte. Pourtant, la plupart des conséquences de la canicule sont évitables grâce à une anticipation rigoureuse, des gestes simples et une mobilisation collective. Familles, voisins, professionnels de santé, associations : chacun peut jouer un rôle pour éviter les drames silencieux de l’été. La chaleur tue. Mais l’attention, elle, sauve.
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